Ce film de Benjamin Christensen est considéré comme le premier film maudit et le premier long-métrage documentaire de l’histoire du cinéma. Divisé en sept chapitres, il met en lumière l’évolution de la sorcellerie, de ses origines païennes à sa confusion avec les maladies mentales au début du XXe siècle, en passant par la chasse aux sorcière du Moyen-Âge. Connu pour ses scènes de débauches sataniques, ses rituels profanes et sa mise en scène dantesque, redécouvrez ce trésor noir du cinéma danois dans une toute nouvelle version restaurée, avec une bande originale et des intertitres d’époque inédits. Remasterisation par Fabien Delage.
Indiscutablement, Häxan est une oeuvre totalement novatrice pour l'époque avec une conception hétéroclite. Tout d'abord conçu, pensé et ratiociné comme un documentaire dans sa première partie, Häxan se pare de qualités cinéphiliques via des saynètes simulées et relatant les diverses tortures pratiquées devant l'Inquisition. Ainsi, la sorcière est chassée, capturée, incarcérée, ligotée, suppliciée puis condamnée par un Juge. Le but ? Lui faire avouer ses accointances avec le Diable et ses fidèle succubes. Mais la peur est beaucoup plus profonde qu'elle n'y paraît. La société en déliquescence cherche un coupable idéal, ici la sorcière. A ce sujet, les nazis reprendront peu ou prou la même rhétorique dix années plus tard en s'inspirant justement de l'Inquisition, des contes et du mythe de la sorcière.
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Entre documentaire et fiction, Häxan offre une représentation iconographique saisissante de la sorcellerie au Moyen-Age et, plus modestement, au XXe siècle. Servi par une atmosphère nihiliste où l’obscurantisme religieux est d’une rare violence, le film de Benjamin Christensen fait office de précurseur dans bien des domaines, et ce, avec un esprit poétique propre au cinéma expressionniste.
C’est donc un objet filmique profondément étrange que compose Benjamin Christensen. Mais si d’aucuns ont pu voir dans Häxan la préfiguration de formes audiovisuelles pour le moins discutables - telles les mondo movies ou le docu-fiction télévisuel - on insistera in fine sur sa valeur cinématographique indéniable. Qui plus est au service d’un propos qui, selon la formule consacrée, demeure d’une brûlante actualité en un début de XXIème siècle marqué par le fanatisme religieux comme par la persistance de la domination masculine.
Il est indéniable que Häxan ait imprégné durablement le cinéma d’horreur, et notamment les représentations de la sorcière au cinéma. Cité comme l’une des références de The Witch de Robert Eggers, Häxan a sans doute influencé L’Exorciste de William Friedkin. L’approche pragmatique du genre, ainsi que les représentations de blasphème et de divinités occultes, notamment la brève apparition d’une gravure de Pazuzu, divinité occulte de L’Exorciste, laissent imaginer que Häxan ait marqué le chef-d’oeuvre de Friedkin. Près de cent ans se sont écoulés, et Häxan reste pourtant un film d’une incroyable modernité, tant cinématographique que politique.
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Nous sommes les témoins à travers Häxan, de la peur de l'inconnu, qui a créé petit à petit cet engrenage répressif qui a envoyé aux bûchers des milliers de femmes innocentes entre le Moyen-âge et la Renaissance. Une belle évocation et dénonciation de la folie religieuse. Lors de sa sortie, le film fut banni dans de nombreux pays, à cause des représentations plus qu'explicites qu'il impose, entre des nonnes qui sont à la fil pour embrasser le postérieur du diable, la nudité et les représentations démoniaques diverses, le film souleva un tonnerre de critique, et il reste, même 90 ans après sa sortie, une des œuvres les plus bizarres et dérangeantes du cinéma.
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